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suivre ce blog administration connexion + créer mon blog jouer au monde 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 20 30 40 50 60 70 80 > >> 8 mars 2018 4 08 / 03 / mars / 2018 11:50 brèves de comptoir (extrait de "ce qui trouble lola") "ce qui trouble lola" est un roman qui a déçu pas mal d'hommes, décontenancés par cette héroïne qui les observe, prend l'initiative, n'a pas peur d'eux. où est l'érotisme hors du schéma basique "homme riche et beau, donc dominant/ femme jeune et niaise, donc soumise". avec entre les deux le divin phallus, fort peu convoqué dans "ce qui trouble lola." en fait, plus qu'un érotique, c'était (version papier épuisée) un roman féministe sur le désir. en cette journée des femmes, en voici un extrait, largement autobiographique. brèves de comptoir peu à peu, lola apprend à hanter les lieux des hommes sans se faire remarquer. elle se fond dans le paysage, elle devient transparente, ils ne se retournent plus sur elle lorsqu’elle entre dans un café. elle commande un verre, ouvre un livre qui lui sert de paravent et reste à l’écoute. saisir leurs paroles, regarder comment ils vivent lorsqu’ils ne sont plus en représentation... ils boivent debout, solides sur leurs jambes un peu écartées. lola entend les nouvelles du quartier, puis très vite les dernières blagues. – dis donc, thierry, tu connais la différence entre une pute et une salope ? l’interpellé ouvre la bouche pour répondre, rien ne vient, c’est trop bête il l’a vue lui aussi, un copain la lui a expédiée sur son pc, mais impossible de s’en souvenir. le troisième a la réponse, il déclame fièrement : – la pute baise avec tout le monde, même avec toi. la salope baise avec tout le monde, sauf avec toi. » les hommes s’esclaffent, le second veut rattraper son trou de mémoire, il lève la main, hilare : – tu a oublié l’emmerdeuse ! tu sais ce que c’est, une emmerdeuse ? – c’est ma femme », dit l’un. rires des deux autres. – presque. l’emmerdeuse, elle ne baise avec personne, même pas avec toi. – ouais, ou alors elle baise avec toi, mais mal ! est-ce ainsi que vivent les hommes lorsqu’ils sont entre mecs ? lola lève la main comme si elle avait besoin de quelque chose, le patron du bistrot l’avait oubliée, il l’interroge du regard. d’une voix claire, sereine, elle lance : – je voudrais savoir : moi qui aime baiser avec beaucoup de monde, mais pas forcément tout le monde et pas forcément vous, je suis quoi : une demi salope ou un quart de pute ? le patron bredouille, il s’excuse, ils n’ont pas dit cela pour elle, sûrement pas, ils s’excusent, c’est pour rire entre hommes… lola sourit, elle ne l’a pas mal pris, mais elle aimerait qu’ils lui expliquent pourquoi une femme qui aime baiser est forcément une pute ou une salope, à tel point qu’un violeur croit toujours se disculper en affirmant « elle était consentante, la salope ! » silence gêné. lola pénètre plus avant sur leur territoire, elle leur propose gentiment d’imaginer une femme aux seins lourds qui adorerait les sucer bien à fond, une qui leur ferait à tous ce dont ils rêvent, bref, une salope, et pourtant, n’est-ce pas ce genre de femme qui les fait bander rien que d’y penser ? elle leur parlerait chinois, ils n’auraient pas l’air plus sidérés. ils attendaient des protestations de femme outragée, voire des insultes ou un silence réprobateur. elle aurait payé sa consommation sans mot dire et serait partie la tête haute, les épaules raides pour montrer son mépris des machos, mais celle-ci vient sur leur terrain avec des mots qu’ils comprennent, elle titille là où chacun d’eux sent déjà que ça durcit, elle leur fait miroiter des images de filles pulpeuses aux lèvres mouillées, et le plus fort de tout, c’est qu’elle le fait avec une élégance et un air de ne pas y toucher qui montre l’habitude qu’elle a d’y toucher, justement, et sans crainte. cette fille là, ils le sentent, connaît bien des braguettes plus richement dotées que la leur, et ça les impressionne. dans un autre contexte, ils la trouveraient couillue… le patron est plus jeune que les trois clients, il a une tête de brave type marié, deux enfants- c’est exactement ce qu’il lui dit « je suis marié, j’ai deux gosses, deux beaux petits gars »- il a l’habitude de taper le carton le jeudi soir avec ses potes et, s’ils ont le temps, d’aller mater un peu sur les boulevards, consommer parfois, pas trop, peur d’attraper des maladies et puis la gêne, aussi, rentrer chez lui après une passe le met mal à l’aise. il s’assoit sur la chaise à côté de lola « vous permettez ? » tout de suite il précise qu’il adore sa femme, tous les maris aiment leur femme, mais bon « vous savez ce que c’est » … lola le coupe, elle n’en sait rien justement, elle n’a pas de bite et n’imagine pas les exigences de la bête, mais à elle aussi, il arrive d’avoir des envies impérieuses, juste pour le plaisir et surtout par désir. pour jouir, elle se débrouille très bien toute seule, elle a des doigts et tout ce qu’il faut. il est surpris et heureux de l’entendre, il n’a pas l’habitude de parler de sexe avec les femmes, même pas la sienne. avec les potes, il en parle beaucoup, mais toujours en blaguant, ça ne vole jamais très haut… » les trois consommateurs viennent payer leur consommation à la table de lola, le patron prend les pièces sans même recompter, il leur serre distraitement la main « salut thierry, salut marc, à demain », visiblement ailleurs. lola profite du calme avant les premiers consommateurs de l’après-midi, elle prend la main du patron, la retourne dos sur la table, trace avec son index des lignes le long des lignes de sa main, effleure le poignet. l’homme en reste bouche bée, la caresse anodine sur sa paume lui fait un effet terrible, il ne s’y attendait pas. elle lui demande de quoi il aurait envie s’il pouvait choisir, il ne répond pas, il est gêné, elle lui propose quelques idées, des scénarios torrides qui le mettent dans tous ses états. lola poursuit sa caresse lente sur le bras du gars, il s’enhardit et suggère une variante au scénario, elle l’encourage, lui dit d’aller encore plus loin, on peut tout imaginer … après quelques minutes il n’y tient plus, il porte machinalement l’autre main à sa braguette et se masturbe doucement à travers le tissu, il aimerait aller se soulager aux toilettes mais il doit rester à son poste, un client pourrait arriver. il pense qu’il ferait bien de regagner son comptoir pour boire un verre d’eau glacée, voire s’en jeter un sur la figure, mais la tentation de rester est plus forte, lola lui joue shéhérazade au pays des merveilles, elle lui invente des fantasmes doux ou brutaux, des caresses qu’il imaginait sans y croire et d’autres qu’il n’imaginait même pas. il a les yeux écarquillés d’un gamin, le visage rouge, le souffle court : – vous alors, vous êtes une femme très libre ! lola s’amuse : – vous voyez bien qu’il y a d’autres mots que salope… repost 0 published by jouer au monde commenter cet article 8 octobre 2017 7 08 / 10 / octobre / 2017 23:56 utopique, archaïque, nostalgique... j'assume! octobre 2017 est plein d'anniversaires historiques. je ne parlerai pas de la révolution bolchevique de 1917 que je ne connais pas assez, d'autres le feront mieux que moi. cependant, je suis agacée que l'anticommunisme chronique en occident amène à célébrer largement le sacrifice des 418 500 américains morts pour vaincre le nazisme en 1944 , et beaucoup moins les 27 millions de morts soviétiques qui ont tenu le front de l'est contre les nazis au prix de souffrances très bien racontées- entre autres- par le prix nobel de littérature svetlana alixievitch dans “la guerre n'a pas un visage de femme”. 9 octobre 1967: il y a tout juste 50 ans ernesto “che” guevara est exécuté par un agent de la cia après avoir été capturé par l'armée bolivienne. 15 octobre 1987: thomas sankara, président du burkina faso (anciennement haute-volta) est assassiné lors du coup d’etat mené par son ami blaise compaoré, avec le soutien de la france et d’houphouët-boigny alors président de côte d’ivoire. quelqu